“Renversant Denis Gagnon” par Elsa Vecchi

 

“Les défilés de Denis Gagnon sont toujours l’un des moments les plus attendus de la Semaine mode Montréal. Pourquoi? Parce que le créateur a l’art de nous prendre à contre-pied avec des propositions stylistiques toujours plus saisissantes et surprenantes les unes que les autres.

C’est dans les murs de la célèbre maison Birks que nous sommes attendus. À une heure du défilé, Denis Gagnon – bermuda-jupe, drôle d’hybride fleuri, et pull noir – qui s’amuse à se surnommer Denise, passe en revue ses troupes. «Natalia, parfait, n’hésite pas à glisser ta main dans les cheveux pendant le show!» Coup d’oeil circulaire, il ajuste un pli, replace un corset de cuir et se promène dans les loges mobiles devant l’édifice, sortes de «vestiaires» temporaires.

Pendant ce temps à l’intérieur, Dick Walsh, le célèbre artiste-metteur en scène de soirée, sillonne calmement les allées jalonnées de chaises, vérifie les derniers préparatifs et nous confie: «Vous allez voir, c’est un show avec du bonheur, très frais, très printanier!»

Le ton est donné. En ouverture, les haut-parleurs lancent À bicyclette d’Yves Montand, parfaitement décalée et vivifiante dans ce décor d’époque. La première mannequin passe le pas de la porte, mutine et court vêtue d’un short en lin ciré et d’un d’un veston sans col aux motifs floraux très colorés sur fond noir. Pour le moins délicieusement étonnant. Mais nous ne sommes qu’au début des surprises. Les silhouettes fleuries se succèdent, des robes très «jeune fille en fleur» aux vestes smoking aux découpes étonnantes, jusqu’à ces jupes à plis façon kilt.

C’est donc cela, «Denise au Jardin!», le nom donné au défilé. On aurait pu y accoler «anglais», mais sans le kitch et avec tout ce que cela comporte de rock. Les filles, blondes, brunes, noires, à peine maquillées – seules leurs bouches couleur carmin qui affichent un sourire – foulent sans ordre précis le sol de leurs derbys plates toutes blanches. Quel bonheur!

Et puis, arrivent les modèles en soie, tout aussi réjouissants, comme en attestent ce kimono ceinturé de cuir, ou encore cette robe avec ce col amovible (de cuir encore) porté avec un pantalon (de soie). Parlons-en justement, du cuir, ces ceinturons-corsets, ces bustiers, tous sont les oeuvres de Laurence St Pierre, jeune designer qui maîtrise le cuir embossé, technique qui permet de créer du relief dans les peaux en les plongeant dans l’eau. Le mélange des genres est parfait.

Quant Natalia et Yoshi franchissent l’entrée main dans main (clin d’oeil à la fameuse robe de mariée qui clôt habituellement les défilés de haute couture), on ne peut s’empêcher de penser «Sacré Denis, tu nous as encore bien eus!»

Les filles échangent un baiser prude sur la bouche, tout de même, l’une étant enveloppée d’une robe de soie plissée blanche avec lanières de cuir, l’autre arborant un veston de soie avec queue de pie amovible (signé CIN tailleurs: des designers Cynthia Chalifoux et Gabrielle Gauvreau). «J’aime la symbolique du mariage, sans distinction de sexe!», nous confie Denis Gagnon, manifestement enchanté par l’accueil que lui a réservé l’assemblée. Applaudi durant de longues minutes, le designer est venu saluer ses spectateurs en pâmoison, un verre de champagne à la main. Un seul mot pour conclure: magnifique!”

 

Source: http://www.lapresse.ca/vivre/mode/201109/09/01-4432895-renversant-denis-gagnon.php#Slide-7-box-1

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