« Denis Gagnon lance la collection Denise » par Iris Gagnon-Paradis, La Presse

Récemment, Denis Gagnon a lancé une collection plus... (PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE)

Avec Denise, le designer Denis Gagnon s’est lancé le défi de proposer une collection accessible, pour tous ceux et celles qui désirent consommer local, mais qui n’ont pas nécessairement les moyens de le faire.

Pourquoi Denise? «C’est le surnom que me donnent mes amis proches, qui m’appellent “matante Denise”. Ça doit être mon côté féminin!», lance Denis Gagnon en riant.

Plus sérieusement, l’envie de lancer cette collection, qui est désormais vendue dans son atelier-boutique de la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal, est née du désir de rendre sa marque plus démocratique.

«Denis Gagnon, tout le monde pense que c’est cher, qu’on ne peut pas se le permettre. Je voulais donc démocratiser, faire une ligne super accessible, presque dans les prix de H&M ou de Zara», lance celui qui a créé sa marque il y a déjà 18 ans, en 2000.

S’il avoue que cet objectif est «presque impossible à atteindre», car «[il n’a] pas la main-d’oeuvre ni le volume», Denise propose tout de même des pièces à prix fort raisonnables (entre 55 $ et 195 $) pour des morceaux créés et fabriqués ici, à la main, dans l’atelier du designer, qui met lui-même la main à la pâte.

On le sait, la concurrence est forte dans l’industrie de la mode, avec les acteurs importants que sont les multinationales comme H&M, justement. Est-ce que la planche de salut passe donc, pour les créateurs québécois, par une plus grande accessibilité?

«Je pense qu’un créateur qui reste ici n’a pas le choix, car notre marché est très limité et on connaît la dureté de notre métier. Le message, c’est: achetez local! Ce sont des pièces faites ici, qui sont plus durables, intemporelles, plus écologiques aussi – d’ailleurs, on s’approvisionne auprès de grosses entreprises qui ont des surplus de tissu, donc on récupère, en quelque sorte. On n’est pas dans une optique de surconsommation et de tirages à des milliers d’exemplaires, mais plutôt de toutes petites productions, entre 6 et 14 exemplaires à la fois», détaille M. Gagnon.

Au-delà des catégories

Avec Denise, Denis Gagnon souhaite aussi offrir des pièces qui reflètent l’air du temps : des vêtements sans genre, voire unisexes – même si certains morceaux, comme les jupes et les robes, sont objectivement féminins.

«On est dans cette tendance-là, et je ne trouve pas ça bête qu’on arrête de s’empêcher de porter des vêtements parce qu’ils sont trop féminins ou masculins. Bref, une approche plus facile, décomplexée.»

Pour le designer, créer des silhouettes accessibles était également une priorité. «Les gens se plaignent souvent que mes silhouettes sont pour des filles filiformes. J’ai écouté et j’ai été réceptif à ces commentaires ; avec cette collection, je propose des gabarits différents, pour des femmes normales qui ont une poitrine et des hanches!»

Aux quelques essentiels – robe et camisole noires -, s’ajoutent de jolies pièces qui portent sans aucun doute la signature de Gagnon, mais en formule, disons, simplifiée: jupe tulipe en velours ou en tulle, chandail à capuche avec détails en filet, robe transparente mélangeant dentelle et filet, tunique avec appliqués de paillettes colorées, etc.

«C’est une collection qui va rester et être là en permanence, qui va s’adapter aux saisons aussi. Éventuellement, je voudrais mettre plus de couleurs pour le printemps, par exemple. Mais cela restera toujours des propositions assez intemporelles», détaille M. Gagnon.

Delisle, designer émergent à découvrir

Pour lancer sa collection, Denis Gagnon a organisé une installation artistique de quelques jours à la fin novembre dans le Vieux-Montréal, où il a invité d’autres marques d’ici à s’exposer à ses côtés, comme les chapeaux Fumile et les bijoux d’Harakiri.

On pouvait du même coup y découvrir la toute première collection de son assistant, Guillaume Delisle, que ce dernier a créée dans le même esprit que Denise, à la demande de M. Gagnon.

Les deux collections, Denise et Delisle, se complètent bien et semblent se répondre, avec des pièces un peu plus structurées et masculines du côté de Delisle, comme des chemises ou des vestons.

«Je suis allé dans la même direction que Denise, avec des morceaux plus unisexes, dans des prix plus abordables, mais avec un style un peu différent. J’ai créé des morceaux inspirés par le temps des Fêtes, chics mais qui restent confortables», résume le jeune designer, qui termine actuellement ses études à l’École supérieure de mode de l’UQAM.

Les collections Denise et Delisle sont en vente à la boutique-atelier Denis Gagnon (170, rue Saint-Paul Ouest) et en ligne. https://denisgagnon.ca

Source: https://www.lapresse.ca/vivre/mode/201812/14/01-5208015-denis-gagnon-lance-la-collection-denise.php

Iris Gagnon Paradis, La presse, publié le 14 décembre 2018

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